Une surprise et une chance » 
Devant une centaine de journalistes, Lilian Thuram s’est expliqué sur la malformation cardiaque qui l’empêche (provisoirement ?) de signer au PSG. Surpris, le défenseur est également soulagé d’avoir détecté ce problème.
Docteur Eric Rolland (médecin du PSG)Lilian Thuram prend la parole…Si je suis là aujourd’hui, ce n’est malheureusement pas pour signer mon contrat au PSG. J’ai passé hier (jeudi) les tests médicaux et le cardiologue a détecté une certaine malformation au niveau cardiaque. La même maladie que mon frère a eue il y a quelques années et qui lui a coûté la vie sur un terrain de basket. Ça peut paraître assez incroyable mais après discussion avec le cardiologue, qui préfère faire des analyses plus longues, il semblerait que d’ici un mois, nous aurons les résultats définitifs de ces analyses.
Vous n’annoncez donc pas là la fin de votre carrière ? Moi, j’étais au courant de cette maladie. C'est-à-dire que ma maman a cette maladie, mon frère en est décédé il y a quelques années et j’ai une sœur et un autre frère qui en souffre aussi. Lors du décès de mon frère, j’avais 22 ans et j’étais un jeune joueur à l’AS Monaco. On m’avait demandé de faire des analyses et on m’avait dit que j’étais apte à faire ce métier-là. Aujourd’hui, c’est assez incroyable. J’ai passé tranquillement tous les tests et j’ai cru que c’était une blague. Encore aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est une blague. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Mes antécédents familiaux font aujourd’hui qu’il y a un risque.
Les services médicaux de Monaco, la Juventus et le FC Barcelone n’ont-ils jamais rien détecté ? Peut-être que les choses ont évolué, tout simplement. Malheureusement ou heureusement car peut-être que j’aurais pu avoir ces problèmes plus jeune. Notamment à l’AS Monaco. Quand j’avais 22 ans, j’avais fait les tests à la demande du docteur après le décès de mon frère et pourtant, ils n’avaient rien trouvé. Donc j’espère sincèrement qu’en approfondissant les choses, je pourrai recommencer le football. Je me retrouve aujourd’hui avec une situation nouvelle et j’espère sincèrement qu’après avoir analysé les choses, j’aurai peut-être la chance de ne pas souffrir de cette maladie. Sachant qu’il y a une autre personne de ma famille qui échappe déjà à cette carte génétique.
« L’équipe de France ne savait pas »
Peut-on en déduire que l’équipe de France a pris un risque à vous faire jouer l’Euro il y a un mois ?Le risque est pris uniquement dans le cas où l’on sait l’état de la maladie. Donc il ne faut pas dire que le staff médical de l’équipe de France a pris un risque à me faire jouer. Personne ne savait, il faut que ce soit clair.
Mais vous n’avez pas subi ce test cardiaque avec l’équipe de France dans le cadre de l’Euro ?Nous avons fait pas mal d’examens mais celui-là, je ne pense pas. En tout cas, je ne me rappelle pas. A Barcelone, j’ai tout fait en revanche.
Eric Rolland (médecin du PSG) prend la paroleIl faut savoir que les bilans des suivis ne sont pas aussi poussés que ceux lors d’une expertise médicale avant signature. Nous avons la chance à la Pitié-Salpêtrière d’avoir une unité de cardiologie composée d’experts. C’est aussi peut-être l’une des explications car quand on parle d’échographie, on voit que ça dépend de la machine qui assure le suivi et de l’expérience de celui qui fait l’examen. Quand il y a un doute, c’est adressé généralement en expertise dans ces structures spécialisées.
A quand remonte la dernière fois que vous aviez subi des examens cardiaques un peu poussés ?Généralement, il y a toujours ce moment fatidique dans tous les clubs. D’ailleurs, hier (jeudi), je me suis mis à rigoler avec le cardiologue. Je vous explique comment ça se passe à chaque fois : ils font tout ce qu’il y a à faire au niveau du cœur et quand je leur explique que j’ai eu un frère décédé parce qu’il a eu un problème au cœur, tout change. Donc il y a toujours une panique générale et ils poussent plus loin les recherches. Habituellement, il n’y a aucun problème. Mais hier, cela a créé un problème car cela devenait peut-être plus dangereux.
Comment avez-vous accueilli cette mauvaise nouvelle ?C’est une surprise. Généralement, quand je passe la visite médicale, j’aime bien discuter avec le docteur et poser des questions. Quand j’ai vu le cardiologue se pencher sur ma situation, je lui ai dit en rigolant : « OK d’accord, le cœur est un peu gros mais est-ce que je peux encore jouer au football ? » Il m’a dit qu’il n’y avait pas de problème. Et petit à petit, en discutant, je lui ai raconté la mort de mon frère et la situation familiale. Il a alors appelé quelqu’un d’autre pour regarder l’écho et ils se sont mis à parler. Et quand j’ai vu que nous étions là depuis près de deux heures au lieu des trente minutes prévues, j’ai compris qu’il y avait un petit problème.
« Au PSG, tout le monde m’a soutenu »
Comment le vivez-vous ?Mettez vous à ma place : vous entrez à l’hôpital, vous êtes joueur de foot et vous ressortez et ne pouvez plus jouer au foot. C’est quelque chose d’extrêmement difficile. Et il y a aussi cette crainte car il faut attendre pendant un mois pour savoir si je suis réellement malade. Et si je le suis réellement, bien sûr, je ne peux plus jouer au foot mais j’ai un problème au cœur avéré. Donc ce n’est pas facile. En même temps, je trouve extraordinaire que tout le monde au PSG m’ait soutenu. De mon côté, je leur ai expliqué qu’il n’y avait aucun problème avec moi. Bien évidemment, le PSG doit faire son recrutement sans attendre de savoir si je serai oui ou non apte à jouer. C’est aussi ce qui est important dans ma réflexion aujourd’hui. S’ils trouvent un autre joueur, cela engendrera une autre réflexion de ma part.
Aviez-vous eu la moindre inquiétude durant votre carrière ?Non. Rien du tout. De toute façon, je ne pense pas que l’on puisse ressentir quelque chose.
Eric Rolland reprend la paroleC’est l’un des paradoxes de ce problème. Cela ne se dépiste pas sur les épreuves d’effort qu’ils font sur les terrains ou en dehors. Tous ces tests à l’effort peuvent s’avérer tout à fait normaux. Par définition, le risque est le risque d’accident brutal et imprévisible. Et qui est justement défini depuis les accidents médiatiques. C’est là où des normes de risques ont été définies et où l’on peut conseiller le sportif sur la nécessité d’arrêter. Sur cent personnes, 99 peuvent très bien ne pas être concernées par un accident aigu.
Pourquoi aviez-vous choisi le PSG pour poursuivre votre carrière ?C’est un projet. Quand vous avez le club qui veut absolument que vous veniez et l’entraîneur qui fait de vous une priorité, et pas seulement cette année, ça vous donne envie venir jouer au PSG. Sincèrement, beaucoup de joueurs qui évoluent à l’étranger et jouent en équipe de France aimeraient jouer au PSG car c’est un club qui attire. Nous savons tous que le PSG n’est pas à sa place donc nous aimerions tous y participer quelque part et essayer de ramener le PSG en haut du tableau. Même si le PSG n’a pas de très bons résultats depuis deux ans, c’est un club qui fait rêver. Si je ne peux malheureusement pas jouer à Paris, cela voudra aussi dire que j’ai eu la chance de découvrir ce problème à temps.
Sujet: Lilian Thuram : Malformation cardiaque ! 
Sam 28 Juin - 13:58
